Nous sommes 7 au départ, à 7h50 parking des Beaumes (Champoléon), malgré une météo très capricieuse.
La randonnée s’effectue en aller-retour, par un sentier très bien tracé et sans surprise.
Le groupe est très soudé jusqu’à atteindre les 700 m de D+ … Jean-Laurent (un jeune invité) se propose de partir devant (en allure trail !) pour atteindre le col de Parières et nous retrouver près des lacs.
Le rythme du groupe reste alors constant et parvient au premier lac après 4 heures de montée, ponctuées de pauses.
Mireille nous régale de ses « capsules botaniques » et nous fait découvrir de nombreuses espèces .. elle nous propose ci-dessous une merveille de chronique !!
Nous trouvons les lacs complètement dégelés .. c’est une surprise car ils l’étaient encore dix jours plus tôt !
Nous commençons à nous sustenter … les nuages arrivent mais ne sont pas trop méchants .. quelques gouttes sur le lac .. nous sommes à l’abri des ruines ..
Une éclaircie nous dévoile la magnifique vallée de Champoléon sous nos pieds.
Jean Laurent nous rejoint .. et, nous entamons la longue et interminable descente ..
Les lacets sont plus remarqués qu’à la montée .. notament au pas de l’Ours.
La sortie se termine autour d’un verre à l’auberge des Borels.
1360m D+ 18 kms
Le « topo-bota » par Mireille...
Les 1300 m de dénivelé de cette rando nous font traverser une belle diversité de milieux offrant une
toute aussi belle diversité de végétaux. En voici quelques-uns (liste pas du tout exhaustive !)
En démarrant la balade, les framboisiers commencent à mûrir, la farceuse sauge glutineuse (à fleurs
jaune pâle) nous colle aux doigts, la campanule en épi joue les originales...
Un peu plus haut, les joubarbes à toile d’araignée parsèment de leurs étoiles rose soutenu les zones
sèches plus ou moins rocheuses, la minuartie à feuille de mélèze forme de belles touffes façon
« corbeille d’argent », la digitale à grandes fleurs (jaunes) est reconnue de tous, la myrtille nous
offre généreusement ses fruits déjà mûrs ! Elle est là en compagnie du rhododendron ferrugineux
(rien à voir avec le sketch de Bourville !), majoritairement défleuri, mais dont on verra encore, plus
haut, les belles corolles rose fuschia. Ferrugineux, une caractéristique que l’on découvre à la face
inférieure des feuilles (mais pas les plus jeunes, encore vert-jaune) et qui lui vaut ce nom bizarrre.
Autre nom pour le moins bizarre, celui d’une plante en boutons, facile à reconnaître même si les
fleurs ne sont pas encore épanouies. C’est un orpin (plante grasse), qui fleurira rose-violet-bleuté
(choississez votre teinte !) et nommé l’orpin des infidèles (un philtre magique confectionné avec
cette plante aurait eu le pouvoirde faire revenir à la maison les conjoints volages !). Quand au nom
latin, mettez-vous au défi de le mémoriser !
Dans les pelouses, une cousine du bleuet attire l’oeil : c’est la très jolie centaurée à une fleur, très
graphique, au feuillage argenté. La « littérature » botanique nous apprend que c’est une espèce
emblématique des pelouse d’altitude à fétuque paniculée, laquelle fétuque, une graminée délaissée
par les brebis, est nommée Queyrel. Comme le pic Queyrel ! Un rapport entre les deux ? mystère !
Aromatiques et comestibles bien sûr, une ou plusieurs espèces de thym (Thymus...) (thym « faux
pouillot » ?, ou « à pilosité variable » ?) égaient une grande partie du trajet...
Des rosettes de feuilles gris-vert argenté, des fleurs en pompons blanc-crème, voici l’antennaire
dioique, dite pied-de-chat, car ses fleurs regroupées en petit bouquets évoquent les coussinets des
pattes de chat. Dioique (= 2 maisons, en grec), car les pieds mâles et femelles sont séparés : les pieds
que nous repérons sont des mâles. Mais où sont donc les pieds femelles à fleurs rosées ?
Au voisinage des torrents et sur les replats humides, voire inondés, toute une flore spécifique se
développe : une petite plante carnivore frôle nos chaussures, c’est une grassette à fleurs violettes,
dont les feuilles collantes piègent de minuscules insectes, avant de les « digérer ». Tout à l’opposé
en taille, se dresse le rumex (ou oseille) des Alpes, dit aussi rhubarbe des moines (rhubarbe : oui, ça
y ressemble, mais pourquoi donc « des moines » ?). Impossible à louper aussi, les grandes et fortes
tiges abondamment fleuries du veratre blanc. Feuillage parfois confondu avec celui de la gentiane
jaune, mais les feuilles du vératre sont alternes sur la tige, alors qu’elles sont face à face sur la tige
chez la gentiane. Mention encore, dans ces milieux, pour l’adénostyle à feuilles blanches (au
revers !), à la floraison rose soutenu presque violette. Et, également toute parée de rose-violet, la
ciboulette : mais oui, dans la nature, c’est une plante de milieux (très) humides !
Tout en continuant à monter, nous « flashons » sur les corolles d’un bleu azuréen de la véronique
des rochers. A l’inverse, bien des végétaux passent incognito, tout verts qu’ils sont de pied en cap, et
pourtant ce sont eux qui donnent la tonalité générale et apportent de la fraîcheur au paysage,
notamment dans la partie supérieure de l’itinéraire, archi-minérale. Ainsi de l’achémille (des
rochers ?), aux discrètes fleurs vert-jaune. Dans cette catégorie, énorme coup de coeur pour une
petite fougère très présente, au feuillage vert vif presque fluo, contrastant avec le gris des rochers
contre lesquels elle se développe : voici l’allosore crispée, qui peut pousser jusqu’à 3000 m !