Jour 1.
C'est par une belle matinée d'automne que commence notre séjour en Provence. La randonnée du jour s'effectue dans les collines du Massif du Garlaban où, enfant, Marcel Pagnol a vécu des aventures rocambolesques, qui plus tard influenceront ses récits et ses œuvres. Au travers d'extraits de ses livres et citations, nous évoquerons tout au long de la journée son souvenir. Après quelques consignes et une petite mise en jambe, nous atteignons le site d'Aubignane et la ferme d'Angèle (Regain de Giono). Une petite heure plus tard, une petite pause est la bienvenue à la Grotte du Plantier, dite aussi grotte de Manon. C'est là, dans le premier film Manon des Sources, qu'Ugolin déclare son amour d'une façon aussi enflammée que maladroite à Manon: "Manon, je t'aime d'amour. Le papé il est riche et il va bientôt mourir". Nous poursuivons la montée vers le sommet de Garlaban et parcourons le site des Pierres Gravées où Louis Douard, un artiste local a créé des œuvres d’art : des citations et personnages du folklore provençal y sont inscrits dans la roche.
A partir de l’oratoire du curé d’Ars, nous partons à l’assaut final ; la montée est sévère mais courte. L'ensemble des randonneurs, habitués aux rudes dénivelés du Champsaur, arrivent rapidement au sommet, la Croix du Garlaban. La vue à 360° est extraordinaire : la chaîne de l’Etoile, la Sainte-Victoire, la Sainte-Baume, les falaises de Cassis, la vallée de l’Huveaune, Aubagne et Marseille se dévoilent. Il est l'heure du pique-nique. Chacun s'installe le plus confortablement possible.
Nous redescendons prudemment la partie raide et quittons la piste pour le sentier des excursionnistes marseillais, plus intime et réservé aux randonneurs entraînés. La bruyère et le romarin en fleurs nous accompagnent. D'abord tranquille, le sentier devient plus pentu au pas de la Garrigue ; il entame la descente du vallon des Piches où plusieurs pas rocheux nécessitent un peu plus d'attention. Nous repassons au-dessous de la grotte de Manon et arrivons de nouveau au col d'Aubignane et de la ferme d'Angèle. Une courte mais raide remontée, nous permet d'atteindre les barres de St Esprit où nous découvrons les ruines d’un vieux village provençal. Il ne s'agit en fait que des vestiges de la création des équipes de Marcel Pagnol pour les besoins des films Angèle et Regain qui a révélé le jeune Fernandel dans un rôle poignant et poétique. Une sorte d'Hollywood provençal de l'époque (1934) en quelque sorte ; une galéjade locale. Le passage sous une dernière vieille arche, un tour de la vue du sommet des barres et il est l'heure de rentrer et de nous diriger vers notre lieu de résidence.
Jour 2.
Tout le monde est en forme pour démarrer cette journée et le RV est fixé à la Presqu'île de Cassis. Au programme du jour, les 3 calanques de Cassis : Port Miou, Port Pin et En Vau. Nous commençons à descendre dans la première calanque, Port Miou. Le chemin suit l'itinéraire du GR98-51. La première partie de la calanque est abîmée par la présence d'anciennes carrières de calcaire, exploitées à partir du XVIIIème siècle pour la réalisation des quais des grands ports méditerranéens ainsi que pour la fabrication industrielle de la chaux et par la présence du port de plaisance. Longeant la calanque de Port Miou, nous arrivons rapidement à Port Pin, petite calanque où un bain serait le bienvenu. Nous poursuivons néanmoins en profitant des sublimes vues sur la calanque de Port Pin, puis en nous arrêtant à plusieurs magnifiques points de vue surplombants la calanque d'En Vau. La discussion va bon train sur le nom des iles que nous voyons au loin (Riou, Plane et Jarre) et sur les différents caps, falaises et calanques. Nous apercevons le lieu de notre randonnée du lendemain, le Cap Morgiou. Nous entamons assez vite la descente dans le vallon d'En Vau avec une partie d'éboulis (rien à voir néanmoins avec la Combe de Mai pour ceux qui connaissent). Arrivés en bas, nous prenons la direction du belvédère d'En Vau où nous arriverons une heure plus tard. Le lieu est splendide, le temps toujours magnifique et il est l'heure de déjeuner. La visite d'un minuscule abri surplombant la mer ponctue ce moment de pause et nous nous promettons d'y revenir pour y passer une soirée. Par un astucieux sentier presque oublié, nous évitons de trop descendre. Le sentier semble tout d'abord se perdre dans la végétation et les rochers, puis s'appuie sur un ancien "bancaou" (mur en pierre) et nous amène sans coup férir sur le plateau. Après une descente dans un vallon, sur un sentier aux rochers polis par le passage, nous arrivons de nouveau à la calanque de Port Pin où plusieurs d'entre nous prennent un bain dans une eau très agréable. En repartant, nous effectuons un détour pour découvrir une curiosité locale, "Le Trou Souffleur" ou encore "Narine de Neptune". Il s'agit d'un trou de la taille d'un pouce situé au-dessus d'une cavité semi-immergée et qui sous l'effet des vagues entrant dans celle-ci se traduit par un souffle ou une aspiration d'air importante que l'on entend à plusieurs mètres. Nous retournons aux voitures sans difficulté malgré le dernier raidillon, un peu douloureux. Pour clôturer en beauté cette journée, nous emprunterons en voiture la route des crêtes au-dessus des falaises de Soubeyranne/Cap Canaille et ses points de vue magnifiques.
Jour 3.
Le Cap Morgiou sera notre objectif du jour. En partant du parking de Luminy, nous cheminons d'abord sur une belle piste, naviguons entre le col de Morgiou et le col des Escourtines, franchissons le Baou- Rond (baou = colline possédant un sommet plat en provençal). La vue sur les deux calanques, Morgiou et Sormiou est saisissante. Petit à petit se dévoilent aussi les falaises de la grande Candelle puis du Devenson. Après une descente technique, nous arrivons en vue d'un mur fortifié dont les origines remonteraient à Napoléon et à l'amiral Hood. L'évocation d'un boulet encastré dans les rochers fait rêver certains d'entre nous. L'un deux nous dira même l'avoir trouvé sur le port de Morgiou. Après la vue sur l'impressionnante Anse de la Triperie, où se trouve la magnifique grotte Cosquer, nous arrivons à l'extrémité du Cap où la vue est splendide. Un petit pique-nique sous des pins salvateurs nous permet de déjeuner et faire une petite sieste à l'ombre. Nous repartons ensuite en direction de la calanque de Morgiou. L'arrivée sur la calanque est un peu délicate mais l'entraide et la solidarité permettent une nouvelle fois de surmonter cette petite difficulté. Le bain dans la petite crique, contiguë au port, est délicieux. Il est temps de prendre le petit sentier du retour. Nous empruntons un passage délicat équipé d'une chaine (même pas peur), poursuivons la montée avec une vue imprenable sur la falaise du Crêt Saint Michel. Nous observons des cordées de grimpeurs engagés dans la paroi verticale. Nous arrivons enfin au dernier col et par une "descente plate" retrouvons nos voitures.
Jour 4.
C'est le jour du départ du camping et du retour dans nos logis. La dernière randonnée est donc moins ambitieuse. Au départ de la Madrague des Lecques, nous prenons la direction de la "dune éolienne", notre dune du Pilat provençale. Nous longeons d'abord un vignoble et une magnifique bastide provençale, montons par un sentier raide et arrivons au sommet où la vue sur la baie de St Cyr les Lecques, sur les Embiez, et les sommets au-dessus de Toulon est imprenable. La dune est en cours de restauration et un chemin y est tracé dans le sable, en zigzag pour éviter l'érosion. Nous ne mettons que quelques minutes pour la descendre. Nous empruntons ensuite le chemin des vignes où pousse du fenouil sauvage utilisé dans la cuisine de la région, évoquons le métier traditionnel de marchande de limaçons. "a l'aïgo sau lei limaçoun, n'e'n a dei gros e dei pichoun". Quelques minutes plus tard nous arrivons en vue de magnifique baie de la Moutte et de sa "Galére", un rocher en forme de sous-marin. Le sentier revient sur la calanque de Port D'Alon en longeant la mer, offrant des vues toutes plus belles les unes que les autres. Une petite crique plus loin, il est l'heure de se baigner pour certains et de pique-niquer. Par un ultime sentier, nous retrouvons en début d'après-midi le sentier des vignes et nos voitures. Un dernier rafraichissement et partage de douceurs et il est l'heure de se séparer et de prendre le chemin du retour avec ces excellents souvenirs qui appellent d'autres séjours.
